Face aux attentes croissantes du public et à la domination des plateformes internet commerciales, rester visible et pertinent en ligne est un défi pressant pour les institutionnels du tourisme. L’attractivité touristique des territoires est un enjeu majeur de beaucoup de destinations. L’usage des contenus multimédia est un moyen de diffusion essentiel pour valoriser les destinations touristiques. On note cependant que ces contenus (photos, images, vidéos…) sont uniquement accessibles sur les supports imprimés et les sites web, et ont un usage limité voire proscrit. A contrario il existe aujourd’hui une multitude de banques d’images et de vidéos libres de droit sur internet, on peut citer pexels.com, unsplash.com ou encore wikimedia commons et openverse qui offrent de nombreuses possibilités d’utiliser librement leurs contenus. D’autres plateformes existent et sont connectées à des bases de données qui permettent l’accès à ces banques d’images et de vidéos.
Pour trouver une image, ou obtenir un aperçu d’un produit ou d’une destination, les internautes effectuent un grand nombre de recherches sur Google Images (21,03% en 2018 / google.com = 69,03% / youtube.com = 2,90% / yahoo.com = 1,57% / bing.com = 1,48%). La pertinence des recherches d’images est ainsi démontré. On note également que 24% à 34% des recherches effectuées sur Google font apparaître des images en haut de la page de résultats. Il semble donc important de figurer en première place des résultats de recherche pour bien valoriser un produit touristique, un site d’intérêt ou encore une destination touristique. De plus, de nombreux étudiants, chercheurs et professionnels de tous secteurs recherchent des photos et vidéos pour illustrer un cours, un devoir, un mémoire, une thèse, un support commercial…
Définitions pour comprendre
Les communs sont des ressources partagées, gérées et maintenues collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser ces ressources tout en fournissant la possibilité et le droit de l’utiliser par tous. Ces ressources peuvent être naturelles (une forêt, une rivière), matérielles (une œuvre, un monument) ou immatérielles (un savoir-faire, une connaissance, un logiciel).
La culture libre est un mouvement social et une sous-culture qui promeut la liberté de distribuer et de modifier des œuvres de l’esprit sous la forme d’œuvres libres par l’utilisation d’Internet ou, plus rarement, d’autres formes de médias. Elle puise sa philosophie dans celle du logiciel libre en l’appliquant à la culture et l’information, dans des domaines variés tels que les arts, l’éducation, les sciences etc.
La culture libre défend notamment l’idée que les droits d’auteurs ne doivent pas porter atteinte aux libertés fondamentales du public. La gestion des droits numériques (DRM) est, par exemple, dénoncée comme une entrave à la liberté d’usage du produit légalement acquis, alors que la protection du fonctionnement du produit (code source du programme, partition de musique, etc.) empêche l’utilisateur de modifier l’œuvre pour en faire sa propre version. Les mécanismes juridiques des licences libres attachées à la culture sont inspirés du logiciel libre : l’utilisation des licences art libre ou Creative Commons a ainsi permis l’émergence de la musique libre et de l’art libre.
Licence libre : une licence libre est une licence s’appliquant à une œuvre d’esprit par laquelle l’auteur concède tous les droits ou une partie des droits que lui confère le droit d’auteur, en laissant au minimum quatre droits fondamentaux aux utilisateurs :
- usage de l’œuvre
- étude de l’œuvre pour en comprendre le fonctionnement ou l’adapter à ses besoins
- modification (amélioration, extension et transformation) ou incorporation de l’œuvre en œuvre dérivée
- redistribution de l’œuvre, c’est-à-dire sa diffusion à d’autres usagers, y compris commercialement
La désignation open source, ou code source ouvert, s’applique aux logiciels (et s’étend maintenant aux œuvres de l’esprit) dont la licence respecte des critères précisément établis par l’Open Source Initiative, c’est-à-dire les possibilités de libre redistribution, d’accès au code source et de création de travaux dérivés. Mis à la disposition du grand public, ce code source est généralement le résultat d’une collaboration entre programmeurs.
L’open source a déjà investi tous les grands domaines du système d’information des administrations françaises : environnements serveurs, domaines applicatifs, outils d’ingénierie, solutions de réseaux et sécurité. Les solutions open source sont désormais au même rang que les solutions propriétaires dans le paysage des logiciels du secteur public. Les décideurs effectuent d’ailleurs de plus en plus leur choix à partir d’un jugement éclairé, en comparant systématiquement solutions propriétaires et solutions libres.
Dans les années 2000, certaines collectivités locales ont commencé à utiliser des dispositifs collaboratifs pour encourager l’innovation dans la diffusion et l’utilisation de leurs données. Brest, Nantes ou Bordeaux testent de nouveaux outils ou réfléchissent à des systèmes plus ouverts, et au sein de la plateforme EPSI, la ville de Rennes et Rennes Métropole ont créé un Entrepôt des données publiques provenant notamment de leurs SIG. Keolis Rennes (service public de transport commun) a commencé à ouvrir ses données en mars 2010, y compris à des usages commerciaux en licence libre, sans restriction d’usage.
Le Musée de Bretagne : Un pionnier du libre accès
En proposant des images du domaine public en haute définition à télécharger et utiliser sans restrictions, le musée de Bretagne est un pionnier du libre accès aux collections dans le secteur muséal français.
Le musée de Bretagne publie les images numériques de ses œuvres libres de droits d’auteur sous licence domaine public. Une décision rare dans le secteur muséal français. Le libre accès aux données fait partie intégrante de la mission scientifique et culturelle du musée depuis plusieurs années. Cette politique a été développée avec, et soutenue par, Rennes Métropole, la collectivité de tutelle du Musée de Bretagne, qui promeut la diffusion et la transmission des connaissances. Les utilisateurs peuvent télécharger et réutiliser les images gratuitement, sans avoir besoin ni de démarches administratives ni d’une quelconque autorisation. Ceci est conforme aux accords de droits d’auteur et de cession de droits que le musée a établis. La majorité des collections numérisées sont désormais disponibles sous des licences Creative Commons.
La mise en place de cette politique a généré plusieurs avantages pour le Musée de Bretagne. Tout d’abord, le libre accès confère au musée de Bretagne une plus grande visibilité. Il lui donne une image positive et innovante dans le secteur culturel français. Il génère également un nouveau savoir sur les collections du musée, grâce aux réactions des visiteurs en ligne et permet de mettre en place un lien avec le public.
L’information et les données sont au cœur de notre écosystème touristique et l’objectif de toutes les destinations est de valoriser l’offre des territoires au travers de tous les supports mis à disposition du public. Il apparaît que certaines ressources (culturelles, historiques…) ne soient pas libres d’accès. Pour autant l’accès aux contenus multimédia favorise la diffusion et la valorisation de ces dernières et peuvent dans plusieurs cas être un formidable vecteur de valorisation, de différenciation et d’attractivité.
Mais alors, comment rendre accessible ses contenus ?
Il est nécessaire de distinguer les contenus produits des contenus acquis. Les derniers peuvent avoir une utilisation limitée et protégée par des droits d’auteurs. Il appartient donc aux détenteurs de ces contenus de vérifier leurs propriétés et leurs droits d’utilisation avant toute modification et partage. Pour les contenus produits, c’est à vous que revient de définir les droits afférents et les conditions d’utilisation et de partage.
Vous pouvez partager votre contenu sous licence Creative Commons, qui est une association à but non lucratif dont la finalité est de proposer une solution alternative légale aux personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard de leur pays, jugés trop restrictifs. L’association a créé plusieurs licences :
- Attribution : signature de l’auteur initial (obligatoire en droit français) (sigle : BY)
- Non Commercial : interdiction de tirer un profit commercial de l’œuvre sans autorisation de l’auteur (sigle : NC)
- No derivative works : impossibilité d’intégrer tout ou partie dans une œuvre composite ; l’échantillonnage (sampling), par exemple, devenant impossible (sigle : ND)
- Share alike : partage de l’œuvre, avec obligation de rediffuser selon la même licence ou une licence similaire (version ultérieure ou localisée) (sigle : SA)
Exemple de combinaison : Creative Commons BY-NC-SA, qui est la licence Attribution-Non Commercial-Partage à l’identique.
La Licence CC0 (ou CC0) est un cas spécial et se rapproche du domaine public.
Vous pouvez ensuite si les conditions le permettent partager votre contenu sur des plateformes ouvertes et télécharger vos images, vidéos… sur wikimedia commons qui présente l’avantage d’être connectées à plusieurs plateformes web proposant des banques d’images gratuites comme : unsplash, pexels, shutterstock (version libre de droit), adobe stock (version libre de droit), etc.
Cet article est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.
Source : Medium - Open GLAM https://medium.com/open-glam/le-musée-de-bretagne-un-pionnier-du-libre-accès-21c4a7acb29a?source=---------4-----------------------